« La RV n’est pas encore une technologie de rupture »

« La RV n’est pas encore une technologie de rupture »

« La RV n’est pas encore une technologie de rupture »

Nous avons demandé à Gerrit Schneider quelle était son analyse de la technologie de la réalité virtuelle (RV) et de son potentiel. Ce passionné de la RV est chargé des services digitaux chez CarPostal.

mobility lab : la réalité virtuelle (RV) constitue-t-elle vraiment une technologie de rupture ?

Gerrit Schneider (GS):
Les technologies de rupture évincent du marché les produits et les services existants ou les remplacent complètement. Aujourd’hui, cela ne s’applique pas à la réalité virtuelle : il n’existe pas de domaine dans lequel la réalité virtuelle supplante des produits. Pas encore. Les casques de réalité virtuelle existent depuis les années 1960. Les visuels en haute résolution, les capteurs précis de mouvement et la puissance des ordinateurs sont les ingrédients incontournables qui étaient absents jusqu'à récemment. L’engouement autour de la RV a débuté en 2012 avec le lancement des casques de RV Oculus Rift. C'était, pour ainsi dire, le Big Bang de la RV. Depuis, la technologie est de plus en plus utilisée dans le secteur du jeu et du divertissement. En effet, la qualité sensorielle et visuelle permet une liberté de mouvement dans le monde virtuel. Si cette qualité augmente encore, la RV peut conquérir de nombreux marchés. Pour percer, il faudra également moins de câbles et des ordinateurs plus petits directement intégrés dans les casques de RV. Quel est le lien entre la technologie de la RV, les capteurs et les données ?
GS: Sans capteurs et surtout sans traitement des données de mouvement en temps réel, la RV ne fonctionne pas. L’effet « waouh » repose sur la capacité des capteurs à mesurer chaque mouvement dans le monde réel et, grâce aux données traitées, de les reproduire exactement de la même manière dans le monde virtuel. La RV est basée exclusivement sur les données kinesthésiques (par exemple, les mouvements de la tête et du corps). Le monde virtuel ne fait pas appel au toucher ou à l'odorat. La RV ravit les yeux avant tout. La réalité virtuelle est souvent associée aux jeux vidéo. Dans quels autres domaines d'activités voyez-vous le plus grand potentiel pour la RV ?
GS: La technologie doit encore s'améliorer. Certains domaines d'activités que je mentionne sont tout simplement inimaginables avec la technologie actuelle. Je reste pourtant convaincu que RV va conquérir de plus en plus de marchés. De nombreuses entreprises expérimentent dans ce domaine. Le secteur du divertissement dans son ensemble, y compris les industries du cinéma et de la télévision testent la réalité virtuelle. Des films « walk-in » en 3D et des expériences télévisuelles entrent sur le marché. La RV comme technique de simulation est déjà utilisée dans l'éducation et la formation. Si la formation est risquée, coûteuse ou compliquée, par exemple dans les domaines du sauvetage, de la conduite routière ou la médecine, la RV s’imposera à l'avenir. En effet, la technologie peut prévaloir partout où une simulation permet de rendre une situation tangible : cela concerne, par exemple, le design de produits dans le secteur industriel, des prototypes dans l'innovation, un appartement avant sa construction ou des situations anxiogènes lors d’une thérapie psychiatrique. Cela vaut également pour l'industrie hôtelière et le tourisme. Qu’en est-il du secteur de la mobilité?
GS: Je crois que la réalité virtuelle réduira les besoins en mobilité. Aujourd'hui, la demande accrue de mobilité conduit à de nombreux problèmes. Dans divers domaines, la nécessité de se déplacer pourrait se réduire : grâce à la téléprésence virtuelle sur le lieu de travail, aux voyages ou au shopping virtuels. Les efforts de Uber, Daimler ou Apple montrent que la RV a également le potentiel d'améliorer l'expérience client durant les voyages. Peut-être que les avancées technologiques pourront même éliminer le mal des transports, si les passagers jouissent d’un panorama virtuel et peuvent voir la ligne d'horizon. Par contre, si le voyage est une fin en soi et non le moyen, la réalité virtuelle ne s’imposera jamais. Un vrai paysage de montagne reste toujours plus beau que des sommets virtuels. Aujourd'hui, quels sont les plus grands défis lors de l'utilisation de la RV dans un véhicule en mouvement ?
GS: Le problème principal est la cinétose, une maladie souvent appelée « mal des transports ». Cela se produit parce que les données de mouvement des capteurs ne sont pas traitées assez rapidement. Ce délai crée un décalage des mouvements dans le monde virtuel. Le cerveau est débordé, la nausée en résulte. Aujourd'hui, ce problème n'est pas encore résolu. Cela nécessite une technologie de capteur parfaite et un traitement des données en temps réel, sans aucun délai. Voilà la clé de l'utilisation de la réalité virtuelle dans un véhicule en mouvement. Plus d'informations sur le projet "VR Bus"
Un homme porte un casque de réalité virtuelle